»Une affaire la plus innocente«? : Französische Wahrnehmungen und Deutungen der »Glorious Revolution« von 1688/89

Les débats autour de la Glorious Revolution de 1688/89 n’ont pas seulement animés les débats dans les médias anglais, mais également français. Les événements anglais jouent effectivement un rôle important en France, où les débats se déroulent sur fond d’affrontement confessionnel, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes. Alors qu’en Angleterre des interprétations divergentes restent confinées au sein du groupe des partisans de la Révolution, en France les discussions se polarisent entre opposants et défenseurs de la révolution. Guillaume III y est considéré par les opposants comme un usurpateur et tyran ainsi que comme réel responsable de cette révolution. Il y a également des voix qui diffament la nation anglaise dans son intégralité en la désignant comme rebelle. Par ailleurs, le caractère anticatholique de la révolution est mis en avant, et le protestantisme est assimilé à la rébellion. Les partisans, qui se confondent en grande partie avec les huguenots exilés, traduisent et transmettent les positions anglaises divergentes, avec une préférence toutefois notable pour les positions modérés Whig et les récits établis en Angleterre qui font consensus. Au centre des débats revient la question du caractère restaurateur de la révolution plus que ses implications radicales. En outre, les interprétations providentielles répandues en Angleterre sont reproduites. Malgré les différences considérables dans les détails, s’établissent dans l’ensemble quelques éléments fondamentaux ainsi que des chapitres du récit de la révolution, qui influencent la manière de parler de révolution en Europe avant 1789. En Angleterre cependant, le concept de révolution est investi de manière positive alors qu’il reste ambivalent en français.

The Glorious Revolution of 1688/89 was extensively written about, not just in the English media. The event also played an important role in France, though the debate there took place mainly against the background of the religious conflict in the wake of the revocation of the Edict of Nantes. Whilst in England conflicting views were, of course, largely discussed within the camp of the supporters of the revolution, the French debate clearly raged between those who opposed the revolution and those who supported it. Opponents of the revolution decidedly saw William III as a usurper and tyrant and actually blamed him for its outbreak. There were also voices, however, which vilified the English nation as a whole and accused it of sedition. At the same time, the anti-Catholic character of the revolution was emphasised and the Protestant faith equated with rebelliousness. Their opponents, who can largely be identified as Huguenots in exile, translated and conveyed the divergent English views, albeit with a clear preference for the moderate opinions of the Whigs and the narratives of consensus, which were quite established in England. The restorative character of the revolution, rather than its radical implications, was at the centre of the debate. The providential view, widespread in England, was also reproduced. Despite the considerable differences in the details, there were certain basic elements and episodes in the overall revolutionary narrative, which had a major influence on how revolution was discussed in pre-1789 Europe; the term, however, which had a clearly positive connotation in the English language, remained more ambivalent in French.